Rassurez-vous, vous n’êtes pas victime d’une bouffée délirante !
En effet, le Journal officiel du 9 octobre 2020 a bien publié un décret qui autorise l’expérimentation du cannabis médical.
La loi de financement 2020 de la sécurité sociale a validé sa prescription et les essais ont commencé en mars 2021.
L’ANSM réalise la mise en œuvre et le pilotage afin de juger de l’opportunité de sa généralisation. Le ministère de la Santé et l’ANSM procèderont à une évaluation des résultats sur les 3.000 patients participant au test, en septembre 2023.
Mais avant, un peu de culture…générale !
Le cannabis (Cannabis L.) est une plante de la famille des Cannabaceae, originaire d’Asie centrale ou d’Asie du Sud. Le Tétrahydrocannabinol (THC) se concentre dans les parties florales de la plante femelle.
En revanche, les feuilles et les pieds mâles ou encore chanvre agricole, contiennent moins de THC. Cultivé dans les régions tempérées, l’industrie exploite ses fibres ou ses graines. Le chanvre indien qui pousse en climat équatorial, est au contraire très riche en résine. Il est exploité pour ses propriétés médicales et psychotropes.
Avec le tabac, l’alcool et la caféine, le cannabis est l’une des drogues les plus consommées au monde.
Pourquoi une expérimentation du cannabis médical ?
En premier lieu, plusieurs données ont influencé cette décision :
- Des données scientifiques convergentes qui montrent un intérêt du cannabis dans le traitement de certaines pathologies (voir lesquelles plus-bas).
- Une demande grandissante venant de patients et de professionnels de santé.
- L’utilisation du cannabis médical dans de nombreux pays en Europe et dans le monde (Pays-Bas, Allemagne, Royaume-Uni, Portugal, Luxembourg, Lituanie, Canada, Israël, Chili, Colombie, 33 États des USA).
Un comité scientifique pluridisciplinaire s’organise alors en 2018, autour de professionnels de santé et de patients. Son but : examiner les connaissances scientifiques et les expériences étrangères. L’usage du cannabis médical pour certains patients se révèle pertinent. En 2019, l’assemblée nationale donne donc son feu vert pour l’usage expérimental du cannabis médical.
Du cannabis médical sous quelle forme ?
Les médicaments utilisés sont des produits finis à base de delta-9-tétrahydrocannabinol (THC) et de cannabidvol (CBD). Ils existent sous 3 formes pharmaceutiques :
- Un vaporisateur à inhaler avec des sommités fleuries séchées ou des granulés
- Une solution orale diluée dans de l’huile, en capsules ou sous une autre forme pharmaceutique
- Une forme orale ou sublinguale à base d’extraits dissouts dans une matrice huileuse également.
Qui produit le cannabis médical ?
Vous pensiez créer votre start-up de production de cannabis médical dans votre salle de bains ?!
C’est peine perdue et peine de prison !
En effet, la législation française interdit de produire et d’exploiter la fleur de chanvre, même utilisée pour les médicaments !
L’Agence Nationale du médicament dans une décision publiée le 25 janvier, a été très claire : l’ensemble des médicaments à base de cannabis seront produits par des entreprises spécialisées, toutes étrangères.
Par ailleurs, celles ayant remporté les appels d’offres émis par l’ANSM se sont engagées à les fournir et à les distribuer gratuitement.
Qui peut bénéficier du cannabis thérapeutique ?
Voici les 5 indications thérapeutiques retenues par le comité scientifique :
- Douleurs neuropathiques réfractaires aux thérapies accessibles
- Certaines formes d’épilepsie sévères et pharmaco-résistantes
- Certains symptômes rebelles en oncologie liés au cancer ou à ses traitements
- Situations palliatives
- Contractures douloureuses de la sclérose en plaques ou des autres pathologies du système nerveux central.
Bon à savoir !
Hormis ces indications, la prestation du cannabis médical ne sera pas possible. En revanche, la médecine douce comme l’aromathérapie ou la phytothérapie sont remboursées par les mutuelles que vous trouverez sur Mutuello.
Ainsi, les médecins des structures de référence volontaires réalisent les prescriptions thérapeutiques.
Retrouvez ici, la carte des structures de référence volontaires engagées dans l’expérimentation.
Puis, les médecins proposent à leurs patients, de participer à l’expérimentation. De même, les patients suivis au sein de ces structures peuvent exprimer leur souhait d’y participer.
La décision d’inclure ou d’exclure un patient revient exclusivement au médecin de la structure de référence. Bien sûr, le consentement des patients est obligatoire.
Ensuite, un médecin, généraliste ou spécialiste assure le suivi médical sur les deux ans de l’expérimentation.
Les professionnels de santé, les médecins généralistes et les pharmaciens suivront le renouvellement et la délivrance des traitements.
Toutefois, l’ensemble des professionnels participant à l’expérimentation auront suivi la formation obligatoire mise à disposition par l’ANSM.
Quels sont les effets positifs du cannabis médical ?
Les effets du cannabis sur l’organisme sont multiples et les scientifiques en découvrent encore tous les jours. En effet, L’Association internationale pour le cannabis médical passe en revue tous ces bienfaits. Voici quelques exemples surprenants :
- Le glaucome : En 1971, lors d’un recensement des effets du cannabis chez les usagers en bonne santé, on a découvert que le cannabis réduit la pression oculaire de 25 à 30 % en moyenne, parfois jusqu’à 50 %.
- L’anorexie et cachexie : On peut observer l’effet stimulant de l’appétit du THC dès 5 mg de THC répartie quotidiennement. Lors d’une étude de longue durée menée sur 94 patients atteints du sida, l’effet stimulant de l’appétit de THC s’est prolongé pendant plusieurs mois.
- Le syndrome de Gilles de la Tourette : La plupart des patients bénéficient d’une légère amélioration, quelques-uns surtout, font l’objet d’une amélioration remarquable, voire un contrôle total des symptômes…
Mais attention, si le cannabis et le THC sont généralement bien tolérés, il existe aussi des effets secondaires. Il est d’ailleurs conseillé d’augmenter progressivement les doses, pour trouver la plus adaptée. Les effets secondaires aigus sont fonction de la dose et s’estompent généralement en quelques heures ou quelques jours.
Les effets secondaires du cannabis non médical
La mission interministérielle de lutte contre les drogues alerte sur un chiffre clef de 2017 : 39% des jeunes de 17 ans ont déjà consommé du cannabis.
Car il est essentiel de garder en mémoire que le cannabis est une drogue et que sa consommation a des effets néfastes, sur le physique et le psychique.
- Le système respiratoire : l’association du tabac et du cannabis entraîne des cancers du poumon plus précoces que le tabac seul.
- Le cerveau : des études montrent que la structure du cerveau peut être durablement altérée chez des adultes ayant eu une consommation importante de cannabis depuis un âge précoce.
- Les gencives et les dents : inflammation des gencives et des tissus autour des dents, inflammation de la muqueuse buccale…
- Le cannabis diminue les capacités de mémoire immédiate, de concentration, et de vigilance. Les jeunes peuvent rencontrer d’importantes difficultés scolaires. Les effets sont dangereux si l’on conduit une voiture ou une machine-outil. Les symptômes peuvent persister après l’arrêt du cannabis.
- Si le consommateur est fragile, le cannabis peut engendrer ou aggraver les troubles psychiques comme l’anxiété, les crises de panique et favoriser une dépression, voire révéler une schizophrénie.
Questions ❓ Réponses ❗
Peut-on prescrire du cannabis médical aux enfants ?
Oui, et ce, dès trois ans selon L’Association internationale pour le cannabis médical. Des études ont démontré la disparition des vomissements liés aux traitements anti-cancéreux pris par des enfants de 3 à 13 ans. De plus, les enfants semblent tolérer des doses relativement élevées sans effets psychiques importants. Par ailleurs, l’utilisation du cannabis est efficace dans les affections neurologiques telles que l’épilepsie, le syndrome d’hyperactivité etc
Quels sont les cadres sanitaires et législatifs du cannabis médial ?
L’arrêté du 16 octobre 2020 précise ces cadres : Les modalités d’importation et de stockage des médicaments à base de cannabis utilisés pendant l’expérimentation incluant la traçabilité, le suivi et le retrait éventuels des lots de médicaments relèvent du régime particulier des stupéfiants…./… Des contrôles aléatoires, comprenant notamment des dosages de THC et de CBD, sont conduits par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé avant la mise en œuvre de l’expérimentation et pendant toute la durée de celle-ci…